Tunisie : lourdes condamnations pour homosexualité

Après avoir été dénoncés par des voisins puis interpellés fin novembre début décembre, 6 jeunes hommes ont reconnus avoir des pratiques homosexuelles. Ils ont été condamnés jeudi 10 décembre à 3 ans de prison soit la peine maximale encourue dans le pays pour ce type  » d’actes « .

Ces 6 étudiants de la la ville de Kairouan (principale ville sainte du pays) seront également interdit de séjour à leur sortie de prison comme le prévoit l’article 5 du code pénal. Me Karkni, avocate du groupe, a déploré des condamnations extrêmement sévères et a annoncé avoir fait appel. Le nouveau procès devrait avoir lieu devant la cour de Sousse.

D’après leur avocate, les six étudiants ont subi durant leur détention préventive un examen anal, une pratique vivement critiquée par les ONG, qui la juge inhumaine et dégradante.

L’Etat tunisien est le garant de la protection de la vie privée des citoyens, selon la nouvelle Constitution adoptée en 2014, face à cette nouvel état de fait, la mobilisation est croissante parmi les ONG dont les responsables militent d’ailleurs depuis quelques mois au grand jour.

La responsable de Human Rights Watch (HRW), Amna Guelali, a également dénoncé le jugement de Kairouan, évoquant un cas très grave d’atteinte à la vie privée des personnes et à leur intégrité physique. Les peines prononcées, dont celle rarissime du bannissement, sont moyen-âgeuses et ne sont pas conformes à l’évolution de la Tunisie, a-t-elle ajouté.

En septembre, un étudiant tunisien a été condamné à un an de prison pour homosexualité dans la région de Sousse, après avoir lui aussi subi un examen anal. Il a été remis en liberté début novembre, dans l’attente du procès en appel prévu jeudi.  ( Retrouvez notre article du 5 Octobre 2015 sur ce sujet : http://centrepourlegalite.org/tabous-homophobes-en-tunisie-triste-realite/ )

Suite à cette affaire, le ministre de la Justice de l’époque, Mohamed Salah Ben Aïssa, s’était dit favorable à l’abrogation de l’article 230 du code pénal. Il a été limogé dans les semaines suivantes, le gouvernement évoquant des propos manquant de sérieux dont ceux en faveur de la dépénalisation de l’homosexualité.

Du chemin reste encore à faire donc, pour les homosexuel.le.s de Tunisie.