Lyon : Un jeune roué de coups Place Bellecour

Samedi 15 novembre, un jeune homme de 17 ans s’est fait rouer de coups place Bellecour. La Coordination contre le Racisme et l’Islamophobie (CRI) s’est saisie de l’affaire parlant « d’agression islamophobe par l’extrême droite à Lyon ».

Ce samedi en fin d’après-midi, Jessim, 17 ans, se promenait dans le centre ville de Lyon avec un ami. Avant son cours d’arabe, il a décidé d’aller à proximité de la statue de Louis XIV où des bougies et fleurs ont été déposées en hommage aux victimes des attentats de Paris.

Son avocat, Gilles Devers, décrit l’agression dont il a été victime :

« Jessim a été identifié par un groupe d’une dizaine de personnes parce qu’il portait une tunique blanche, un kamis. Deux individus ont commencé à le questionner sur ce qu’il pensait des attentats de Paris. Jessim a immédiatement senti qu’ils étaient venus pour en découdre. Il leur a dit qu’il ne voulait pas parler. Mais les deux individus ont continué et ont fini par lâcher « les musulmans sont tous des terroristes ». »

Gilles Devers poursuit :

« Jessim leur a une fois de plus répondu de lui ficher la paix. C’est là que les coups sont partis. Il a pris un premier coup de poing au visage puis un second qui l’a fait tomber. Il a ensuite été roué de coups. Ça a été très rapide ».

Quand le jeune homme a repris ses esprits, un chien était à côté de lui. Il imagine que c’est ce chien qui a pu mettre en fuite ses agresseurs.

Pendant ce temps, son ami a essayé d’appeler les personnes avec lesquelles les deux jeunes avaient mangé à midi et il a également prévenu les policiers municipaux sur place.

Contactée par Rue89Lyon, la mairie de Lyon nous a confirmé que les policiers municipaux ont interpellé deux des agresseurs, qu’ils ont ensuite confiés à la police nationale. Ces deux personnes ont fait de la garde à vue.

Conduit au commissariat central de Lyon, Jessim a fait sa déposition mais n’a pas porté plainte tout de suite. Il voulait en parler à sa mère , explique son avocat. Jessim devait également passer des radios.

Finalement, il a déposé plainte le mardi après deux visites médicales.
Le médecin a retenu 30 jours d’ITT avec, notamment, une fracture à une vertèbre et des contusions à la cuisse et la cheville.

Bougies, dessins, messages, fleurs déposés sous la statue de Louis XIV place Bellecour à Lyon. Photographiée le 19 novembre. ©LB/Rue89Lyon

Une nouvelle agression de l’extrême droite radicale ?

Jessim a souhaité informer le président de la Coordination contre le Racisme et l’Islamophobie (CRI), Abdelaziz Chaambi, qui s’est immédiatement fendu d’un communiqué diffusé sur des sites de la communauté musulmane, comme Islam Info ou Bladi le mardi.

Dans ce premier communiqué, le président du CRI affirme que Jessim a été la cible d’un « groupuscule radical identitaire » :

« Le jeune homme a été lynché au sol sur fond de slogans islamophobes tels que « Islam hors d’Europe ».

Dans un second communiqué envoyé à la presse ce jeudi, il précise sa source :

« Des policiers municipaux arrivés pour récupérer le téléphone et les lunettes de vue de la victime ont expliqué [à Jessim] que les agresseurs font partie du bloc identitaire et du GUD et qu’ils se sont rabattus sur la place Bellecour car la Préfecture leur a refusé l’autorisation d’un rassemblement sur un autre lieu ».

Des membres de groupuscules d’extrême droite radicale étaient effectivement présents dans le centre ville de Lyon ce samedi en milieu d’après-midi, suite à un appel à se rassembler place des Jacobins à 15h. Lequel rassemblement avait été interdit par la préfecture.

Malgré l’interdiction préfectorale, une trentaine de membres ou sympathisants des identitaires et du GUD ont tenté de se rassembler avant de repartir en lançant des slogans comme « Islam, hors d’Europe ».

Mais, en l’état actuel de l’enquête, la police ne lie pas l’agression de la place Bellecour à ces groupuscules dont de nombreux membres ont été condamnés par ailleurs pour des violences.

Abdelaziz Chaambi a annoncé que le CRI pourrait se constituer partie civile dans la perspective d’un futur procès.

Article original publié dans RUE89 Lyon – 19 Novembre – par Laurent Burlet