Lyon : un aperçu du débat citoyen « Droits de l’homme et migration dans les pays tiers » du 2 juin 2016
Débat citoyen : Droits de l’homme et migration dans les pays tiers
Le bureau d’information à Marseille du Parlement Européen ainsi que l’Université Catholique de Lyon ont organisé le jeudi 2 juin, à Lyon, un débat citoyen sur les droits de l’homme et migration dans les pays tiers. Étaient présents la député européenne Marie-Christine VERGIAT, du Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL) et les intervenants: Ralf H.W. GRUENERT, Représentant pour la France du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Roger Koussetogue KOUDÉ, Maître de Conférences à l’Institut des Droits de l’Homme de Lyon, Université Catholique de Lyon et Sébastien CHARRE, vice-président du groupe local de la Cimade de Lyon, ainsi qu’une cinquantaine de personnes dans le public.
Les intervenants ont d’abord exposé la situation des migrants dans l’Union Européenne et dans les pays tiers.
Mme VERGIAT a rappelé que les migrations en Europe n’ont guère augmenté si on les compare à l’augmentation des échanges des services, capitaux et marchandises grâce à la mondialisation. On assiste plutôt à une fermeture des frontières à la migration alors que tous les échanges économiques n’ont jamais été aussi importants. Des pays comme le Liban ou la Tunisie accueillent plus d’un million de réfugiés et c’est un chiffre important en comparaison à leur population : l’Union Européenne aurait la capacité d’accueillir plus de migrants.
Elle a indiqué que l’UE a mis en place un accord avec la Turquie qui se verra recevoir 6 millions d’euros pour aider à la gestion de camps pour les migrants afin qu’ils ne tentent plus de venir sur le territoire européen. L’UE compte étendre ces accords avec d’autres pays comme le Soudan pour qu’ils protègent les migrants. Le problème étant que ces pays sont connus pour ne pas être très préoccupés par la protection du droit des personnes.
Au 2 juin 2016, il y avait déjà plus 3500 morts en Mer Méditerranée pour l’année 2016. Le risque est que ce chiffre double avant la fin de l’année si l’on ne met pas en place des moyens légaux, pour que les migrants puissent venir dans l’Union Européenne. C’est de la responsabilité de l’Union Européenne que d’éviter ces morts en mer. M. GRUENERT a lui rappelé que cette responsabilité devait être partagée autant par l’UE, que par les gouvernements européens mais aussi par les pays tiers.
Les intervenants souhaiteraient une harmonisation des politiques nationales sur le droit d’asile car chaque pays à son propre fonctionnement. Le droit d’asile est un droit individuel qui dépend des situations et histoires de chacun. Il n’y a donc pas de « bon réfugié » ou de « mauvais réfugié ». De plus, l’UE ne respecte pas les accords de Genève lorsqu’elle ferme ses frontières à des migrants qui pour la plupart sont des demandeurs d’asile : il n’est pas possible pour ceux-ci de demander l’asile s’ils sont bloqués en Turquie.
M. GRUENERT a spécifié que les réfugiés font partie des populations les plus vulnérables et ont donc besoin de plus de protection car ils ont été forcés de quitter leur pays et ne peuvent à priori y retourner. Il est difficile de gérer l’afflux « mixte » de réfugiés et de migrants (qui à priori eux peuvent retourner dans leur pays), il faut qu’il y ait un partage de responsabilité au niveau mondial pour cette gestion.
M. CHARRE de la Cimade a mentionné que les politiques de l’UE dans les Etats tiers mettent à mal les droits fondamentaux de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme notamment en matière de circulation et de protection des populations. M. KOUDE a rappelé qu’en termes de droit international, si une personne vit dans un pays autre que le sien, c’est à l’Etat territorial qui accueille de garantir la protection de cette personne. Il rappelle l’incohérence de l’UE qui a signé les Accords de la Convention de Genève mais qui ne les respecte pas.
Mme VERGIAT a montré que l’UE a un problème de transparence dans la gestion des accords avec les pays tiers et pointe le problème de l’inexistence d’une politique de l’Union Européenne en matière de migration. Ce sont en général les gouvernements nationaux qui décident et ne veulent pas déléguer leur souveraineté sur ce sujet.
Sur la seconde partie de la soirée, les intervenants ont pu répondre aux questions du public qui en grande partie se sent concerné par l’accueil des migrants en France mais qui pointe une mauvaise gestion de la part du gouvernement français, celui-ci ne se donnant pas les moyens de répondre au plan de relocalisation des migrants demandé par l’Union Européenne.
Au final, les intervenants ont rappelé que les conséquences économiques des flux migratoires étaient en grande partie positives pour l’UE car la plupart des pays européens sont en perte démographique. Ils pointent aussi le discours sur la lutte contre les causes profondes des migrations alors que les migrations ont toujours eu lieu et qu’il n’était pas normal de décider que les populations du nord puissent migrer et d’empêcher la migration des populations du Sud.
En rappel : Lyon: Débat « Droits de l’homme et migration dans les pays tiers »