Lyon : Retour sur le Colloque « Sports, discriminations et homophobie » des 15 et 16 juin 2016

Les 15 et 16 juin se tenait le colloque « Sports Discriminations Homophobie, de la vulnérabilité aux innovations » à l’UFRSTAPS de l’Université Lyon 1, organisé par Philippe Liotard, sociologue et  le Laboratoire sur les Vulnérabilités et l’Innovation dans le Sport (L-Vis) de Lyon 1.

Le premier après-midi était orienté sur les valeurs du sport et discriminations. Manuel Picaud, président de l’association Paris 2018, ainsi que Laura Dvorsak, ont présenté l’organisation des Gay Games qui auront lieu à Paris en Août 2018. Les Gay Games sont des jeux organisés depuis 1980 ayant pour but de favoriser la cohésion sociale, promouvoir la santé et le développement durable et favoriser l’accès aux sports en compétition pour tout le monde, sans limite d’âge, de niveau ni d’accessibilité. A l’origine, les Gay Games avaient été organisés pour rendre visible les gays et lesbiennes dans le sport, dans une politique d’intégration et d’insertion, aujourd’hui ils sont ouverts à tous, pour que tout le monde puisse connaitre une expérience olympique. Ces jeux de la diversité, 10ème édition, ont pour slogan « Tous égaux au travers du sport et de la culture » et seront articulés autour de 5 points : diversité, respect, égalité, solidarité et partage. Ces jeux fédèrent déjà certaines fédérations françaises, des associations, mais aussi des ambassadeurs dans tous les domaines, de toutes  origines et orientations sexuelles.

Le deuxième intervenant de l’après-midi, Adil El Ouadehe, nous a présenté les stratégies et réformes de l’UFOLEP « Tous les sports autrement », qui est une fédération sportive multisport proche du ministère des Sports. Cette institution a connu dernièrement une entière restructuration de son fonctionnement pour lutter contre les discriminations dans le sport. Afin d’être plus efficace dans ses interventions, deux pôles ont été mis en place : d’un côté un pôle sport et société pour l’organisation de compétitions, et de l’autre un pôle sport et éducation afin de sensibiliser les sportifs et de lutter contre toutes sortes de discriminations dans le sport.

Véronique Lebar, troisième intervenante, a présenté le Comité Ethique et Sport qui a pour but de proposer des solutions concrètes à certaines problématiques concernant les déviances à l’éthique dans le monde du sport. Il est organisé autour de 3 grands axes : Action, mise en place par des groupes de travail et d’experts ; Indépendance : les experts travaillent en leur nom propre et non sous le chapeau d’une structure ; et la Transparence. Ces groupes de travail œuvrent sur les thèmes tels que la mixité, les maltraitances et les enfants. L’intervention de Mme Lebar visait à démontrer que depuis le 19ème siècle le sport était le plus souvent lié à une idée de performance et de dépassement des capacités corporelles. Le but de ce Comité est de remplacer cette idée par une approche éthique du sport afin de ne pas nier les différences mais plutôt de les mettre en valeur.

Enfin, Chantal Nallet professeur de sport et référente de la DRDJSCS de Normandie, nous a présenté les actions mises en place en Normandie pour lutter contre les discriminations dans le sport.  Elle a mis en place des groupes de pilotage départementaux qui ont mis en place des plans d’action comme pour la ligue de football de Normandie et la mise en place de guide à destination des sportifs pour agir dans le respect. Toute une campagne de communication a été mise place en Normandie pour la lutte contre les discriminations, ainsi que des cycles de formation proposés aux professionnels, entraineurs, pour qu’ils puissent agir auprès du public.  Enfin une Charte pour l’éthique et les valeurs dans le sport a été lancée sur le territoire.

La matinée du 16 Juin était davantage consacrée à l’homosexualité et l’homophobie dans le milieu du football.

Ainsi, une intervention de Marie-Stéphanie Abouna sur « l’(in)visibilisation des homosexualités féminines dans le football, entre norme et stigmate », nous a appris que l’homosexualité des femmes dans ce sport est compliquée, aussi bien pour les joueuses que pour les entraîneurs. Philippe Liotard rajoute à ce propos qu’il a vu naître le « problème » de l’homosexualité dans le sport féminin à partir des années 90 quand il était à Strasbourg, les entraîneurs étant perturbés par le fait de devoir gérer cette organisation et les histoires de cœur, et ce car c’est quelque chose qui échappait à leur contrôle. Par la suite, Marie-Stéphanie Abouna partage avec la salle le témoignage d’une footballeuse homosexuelle qui dit que certaines filles entrent dans l’équipe pour pouvoir « chasser », et que de ce fait le sport n’est plus la raison première de leur présence.

Par la suite un intervenant russe nous a présenté le contexte actuel de l’homosexualité dans le football en Russie. La question tournait autour des actions et mesures à mettre en place pour dénoncer l’homophobie dans ce milieu sportif, notamment avec la Coupe du Monde 2018 qui aura lieu en Russie.

Le dernier intervenant de la matinée était Zeljlo Blace, venu présenter l’association contesting/contexting SPORT. Cette association est une initiative trans-locale qui a pour but de récupérer et redéfinir les champs du sport à travers une perspective féministe et « queer » par des œuvres créatives et critiques. L’idée est d’imaginer un meilleur sport et une meilleure société.

A retenir que cet été, à Berlin, du 9 Juillet au 28 Août, dans le cadre de l’Euro 2016 et des Jeux Olympiques de Rio, le ccSPORT présentera plusieurs événements mêlant sport, art et politique.

Toutes ses interventions sont les preuves que des réflexions et des actions sont mises en place par de nombreuses structures pour l’inclusion des publics vulnérables dans le sport.