Lyon – Micro-trottoir à la Guillotière :  » Il y a une libération de la parole raciste « 

Entre deux giboulées caractéristiques de ce mois de mars, l’équipe du « Centre pour l’égalité » a réalisé un « micro-trottoir » dans le quartier de la Guillotière. Nous avons voulu connaître le ressenti des habitants du quartier à propos de certains faits d’actualité qui tendent à marquer une recrudescence des actes xénophobes. Que cela soit les chiffres officiels du Ministère de l’Intérieur, ou le dernier rapport du Conseil de l’Europe qui soulignait une augmentation et une banalisation des actes de racisme, nous avons voulu prendre le pouls des habitants du quartier sur ce sujet.

Des quais du Rhône à la place du Pont, nous avons donc interrogé des personnes afin de leur demander s’ils perçoivent, et de quelle façon, une augmentation du racisme dans leur quotidien.  Petit florilège …

Kader, 27 ans, Chercheur d’emploi

Je ne saurais pas vous dire concrètement si le racisme a augmenté. Vous savez, moi et notre communauté, connaissons et subissons tous les jours des actes racistes mais dans l’ensemble, les gens se trouvent des excuses. »

Mélanie, 22 ans, Etudiante en droit

Dans mon cas, je ne subis pas d’actes discriminatoires ou racistes mais dans mon entourage je ne sais pas si cela s’apparente à du racisme mais les gens sont de plus en plus méfiants envers les étrangers.

Simone, 73 ans, retraitée

A mon niveau, je ne perçoit pas une réelle augmentation du racisme, mais les étrangers sont le problème d’après ce que l’on entend et ce que l’on voit dans les médias.

Sofia, 17 ans, lycéenne

Au lycée et dans mon quotidien, les actes se banalisent. Mais est-ce de l’humour ou du racisme ? La nuance est de plus en plus étroite.

Marianne, 25 ans, salariée

C’est une vaste question, mais on peut constater une recrudescence dans les résultats des élections. On peut également constater que de plus en plus de français s’orientent vers les extrêmes. Quand on connaît la position de ces derniers sur la question du racisme, cela pose quand même question.

Laetitia, 23 ans, étudiante

Pour moi, le racisme diminue de plus en plus. Une mixité dans les relations sociales se fait ressentir dans la génération 18-25 ans mais chez nos parents et grands-parents, le racisme s’accentue.

Bertrand, 74 ans, retraité

Dans mon environnement immédiat, je ne constate pas une recrudescence du racisme mais les médias se font le relais de chiffres tendant à démontrer que cette recrudescence est bien réelle. Cependant, ce qui est nouveau n’est pas le racisme en tant que tel, mais l’antiracisme. C’est également normal que ce ressenti se propage dans notre société car il y a de plus en plus de circonstances qui se prêtent à encourager les visions xénophobes, à l’image de l’immigration. Les associations antiracistes et les médias sont responsables de cette recrudescence du racisme car en en parlant, on permet son développement.

Julie et Adèle, 31 et 25 ans, en recherche d’emploi et en congé maternité

Il y a une libération de la parole raciste bien que nous n’en soyons pas victimes ou témoins directs. Cependant il est évident que les gens, sur ce sujet se lâchent de plus en plus et, ce qui peut-être est nouveau, assument plus facilement et librement de tenir un tel discours .

Simone, 54 ans, retraitée

On en entend parler, mais dans mon quotidien, cela n’existe pas.

Franck, 45 ans, artisan

Il y a une recrudescence mais cette dernière est due au climat politique, je pense. A force d’en parler, on banalise cette pensée et on lui permet d’avoir pignon sur rue de manière dédiabolisée et assumée.

Ramrouni, 30 ans, artisan

En Europe, les gens sont ouverts et je ne trouve pas qu’il y ait particulièrement de racisme en France. Cependant, il faut être conscient que si ce problème existe, il n’est pas exclusivement une problématique française, mais on retrouve le racisme dans tous les pays.

Selon l’âge, le sexe et la profession des personnes que nous avons interrogé, on se rend assez vite compte qu’il n’existe pas un mais des ressentis face à la situation actuelle. Le rôle des médias revient souvent dans la hausse du racisme, même si le constat selon la génération des passants diffère. Recrudescence ou simple différence de perception face au phénomène du racisme, ce qui est sûr c’est que ce thème tout le monde en parle et tout le monde en a pris conscience. Dans un quartier populaire aux populations diverses comme la Guillotière le vivre-ensemble est toujours d’actualité.  Pourvu que ça dure.