Infos, intox, comment faire le tri ?

A l’approche d’une période électorale majeure de notre pays et alors que la propagation de fausse nouvelles (autrement appelées fake news, intox, ou encore infox) s’est considérablement développé, il nous semble important de donner quelques conseils afin de faire le tri dans le flot d’informations (pas toujours vérifiées) qui nous parviennent.

Cela nous est arrivé à tous : nous voyons une information circuler sur Facebook, Twitter ou autre, elle nous fait réagir et nous voulons tout de suite la partager. Rien de plus normal, mais attentions ! En ne prenant pas les quelques minutes nécessaires pour vérifier la qualité de cette information (ou parfois même juste la date de publication de l’article), nous pouvons contribuer à propager de fausses rumeurs qui peuvent avoir des conséquences dommageables.

A titre d’exemple, il circule depuis plusieurs années un texte attribué au CHU de Nantes cherchant de toute urgence des donneurs d’organes pour sauver une jeune fille. L’info a tellement circulé que l’hôpital de Nantes a dû faire un démenti car leurs serveurs téléphoniques étaient saturés d’appels. Des années après, le texte en question (non daté) continue à circuler.

Distinguer info et opinion.

Une information désigne des faits portés à la connaissance d’un public. Mais pour être considérée comme une info celle çi doit répondre à trois critères :

 

  • Elle doit avoir un intérêt pour le public

Le fait que deux personnes aient une relation relève de leur vie privée, et cela, en général, ne relève pas de l’information.

En revanche, par exemple, révéler le fait que le président Hollande fréquentait une autre femme alors qu’il était encore engagé dans une relation avec Valérie Trierweller peut relever de l’information en cela qu’elle relève une forme de duplicité du plus haut personnage de l’état.

Ou encore lorsqu’un journal révèle l’homosexualité de Florian Philippot, à l’époque n°2 du FN en plein débat sur l’ouverture du mariage pour tous c’est une information dans le sens où cela contribue à éclairer la position parfois contradictoire du parti sur cette question. En revanche l’identité de son compagnon a du être protégée, car révéler son nom n’avait pas de caractère informatif et violait son droit à la vie privée.

 

  • Elle doit être appuyée sur un fait

Une information n’est pas un avis. Par exemple, dire que l’on préfère Cristiano Ronaldo à Lionel Messi est simplement une opinion car d’autres pourraient tout à fait dire l’inverse. En revanche, dire que le premier a fait une meilleure saison en 2016, en remportant notamment plus de grandes compétitions internationales et en étant sacré meilleur joueur de l’année, c’est une information, car cela s’appuie sur des faits.

Dans la presse on peut trouver à la fois de l’information et des opinions, notamment, par exemple, les éditoriaux des journaux qui relèvent davantage de l’avis que de l’information. Il faut toujours essayer de distinguer ce qui relève d’un avis (que l’on partage, ou pas) de l’information (qui peut être vérifiée, croisée).

 

  • Elle doit être vérifiée

Une rumeur se base des « on dit que », « on sait bien que », sans savoir précisément quelle est l’origine de cette affirmation. Au contraire une information se base sur des faits réels et, dans la mesure du possible, vérifiables par tous. Regardez cet exemple, Clément Victorovitch, politologue et professeur de réthorique à Science Po Paris explique, chiffres à l’appui, que globalement le chômage n’est pas une question de chômeurs fainéants mais de création d’emploi, et en face, on lui répond en mode « on sait bien que ».

Il faut également se méfier de propos tronqués, d’extraits judicieusement extraits qui peuvent faire dire exactement le contraire de ce qu’il disait en réalité,

Exemple : Lors de la campagne municipale Alain Juppé était accusé d’avoir fait construire la plus grande mosquée d’Europe et de l’assumer pleinement :

Si Alain Juppé prononce effectivement ces mots, on s’aperçoit en revanche que sa déclaration a été tronquée et détournée de son sens. En réalité il a déclaré « On a commencé par dire que j’avais fait construire à Bordeaux la plus grande mosquée de France et même d’Europe à coup d’argent public ».

Qu’est-ce qu’une source d’information ?

Une source d’information c’est l’origine de l’information. C’est notamment en fonction de cette (ou de ces) source(s) que l’on peut apprécier la fiabilité d’une information.
Source directe ou indirecte ?

Dans un article, une source peut être plus ou moins directe et plus ou moins clairement mentionnée. On peut distinguer deux types de sources : les sources primaires et secondaires.

      • La source primaire est un élément direct : un témoin d’un évènement, un participant à une réunion, un enregistrement video ou audio, une photographie, un document écrit…
      • Les sources secondaires font appel à un ou plusieurs intermédiaire(s) : cela peut être le récit d’un média ou d’un livre d’histoire, une anecdote racontée par quelqu’un qui n’était pas présent au moment où elle a eu lieu mais qui raconte ce qu’on lui en a dit, etc.

Sources anonymes : parfois les journalistes donnent la parole des personnes sous couvert d’anonymat, pour les protéger. Face à une source anonyme, on peut attendre d’un média sérieux qu’il vérifie ses affirmations et ne se base pas sur un seul avis.

Toute source a ses limites : Les journaliste essaient de multiplier les sources, en faisant en sorte qu’elles soient le plus directe possible. Il est important de le faire car des sources, même primaires, peuvent apporter des éléments contradictoires ou des précisions importantes. On peut accorder plus de crédibilité à une information basée sur des sources variées et identifiées.

Qu’est ce qu’une « fake news » ?

Les fake news (informations fallacieuses, infox ou fausses nouvelles) sont des informations délibérément fausses, délivrées dans le but de tromper un auditoire. Elles peuvent émaner d’un ou plusieurs individus (par le biais de médias non institutionnels, tels les blogs ou les réseaux sociaux).

Elles participent à des tentatives de désinformation, que ce soit via les médias traditionnels ou via les médias sociaux, avec l’intention d’induire en erreur dans le but d’obtenir un avantage (financier, idéologique, politique, etc.). Les fake news emploient souvent des titres accrocheurs ou des informations entièrement fabriquées en vue de manipuler leur auditoire.

comment évaluer la crédibilité d’une information ?

Voici quelques bons réflexes à avoir pour éviter les manipulations de l’information.

1) Fiez-vous en priorité aux médias reconnus.

Privilégiez les médias réputés fiables pour vous informer. S’ils ne sont pas toujours irréprochables, les journalistes sont des professionnels de l’information, mieux outilliés pour la recueillir et la vérifier. Avant de partager une info, attendez de l’avoir recoupée par plusieurs sources crédibles.

2) Méfiez vous des inconnus.

Dans le doute, partez du principe qu’une «info» provenant d’un inconnu a plus de chance d’être fausse que vraie. Pour s’en assurer, n’hésitez pas à consulter le profil et les publications de votre interlocuteur, afin de vérifier son sérieux et son impartialité.

3) Ne vous fiez pas trop aux images.

Une photo, une vidéo peuvent être présentées hors contexte. Elles peuvent être manipulées, détournées ou diffusées des années plus tard.

Des outils simples à utiliser sont disponibles en ligne pour en vérifier l’authenticité : entrez son url (adresse internet) ou téléchargez la sur un logiciel de recherche inversée : google images, TinEye ou encore RevEye.

4) Évitez d’être manipulé par vos émotions.

Des images choquantes, une musique angoissante, un titre très accrocheur sont des moyens courants de manipulation. Si on fait appel à vos émotions c’est pour affaiblir votre capacité de discernement.

5) Ne croyez pas « l’ami du collègue qui a dit que ».

La formule est classique: « Un ami de ma femme, policier au quai des Orfèvres » ou « L’ami d’une amie qui travaille à l’hôpital »… Autant de « sources » soi-disant crédibles qui ne servent souvent qu’à propager des rumeurs sans fondement.

6) Gare aux sites de « réinformation ».

Dans un contexte de défiance accrue envers les médias, les sites de « réinformation » ont proliféré. Gare aux infos déformées ou réorientées à des fins idéologiques. Ces sites sont le plus souvent d’inspiration d’extrême-droite.

7) Demandez l’avis à votre entourage

On est plus intelligents à plusieurs.

Comment savoir si un media est fiable ?

Consulter la page « à propos »  ou « qui sommes nous ? »

Souvent en bas de page (comme ici sur le gorafi). Celà permet généralement d’écarter rapidement les sites parodiques du type le gorafi ou encore nordpresse.

 

Les auteurs des articles donnent-ils leur véritables noms ou bien se cachent-ils derrière des pseudonymes ?

Ne pas pouvoir clairement comprendre qui est derrière le site est, en soit, problématique. De même, regardez si les articles sont signés du vrai nom des auteurs ou s’ils sont écrits sous pseudonyme, voire de manière anonyme. Dans ce cas la prudence est de mise.

Sur quelles sources s’appuie ce site ?

Dans ses articles l’auteur fait-il référence à des sources que vous pourriez croiser ? Pouvez-vous remonter à l’origine des informations qu’il publie ? Dans le cas contraire, méfiance !

L’information présentée est-elle présentée de manière équilibrée ?

Le site présente-t-il des faits, vérifiables ou plutôt des opinions ? Est-il mesuré et ouvert à des propos contradictoires ou ne met-il en avant qu’une seule version des faits ?

Le site est-il connu pour avoir publié de fausses informations ?

Vous pouvez vous appuyez pour celà sur le Décodex du Monde. Celà ne préjuge pas de la fiabilité ou non d’une information en particulier mais invite à la prudence lorsque celà provient d’un site peu fiable.

Quelques sites de fact-checking

Les décodeurs (le Monde) :  https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/

Désintox (Libération) : https://www.liberation.fr/desintox

Checknews (Libération) : https://www.liberation.fr/checknews

Les observateurs (France 24) : https://observers.france24.com/fr/

Hoaxbuster : http://www.hoaxbuster.com

Aller plus loin :

Le journal le monde a réalisé un petit guide pour aider à voir plus clair dans les informations sur internet (dont sont tirés les illustrations et certains exemples du présent article) :

https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/02/03/decodex-notre-kit-pour-verifier-l-information-a-destination-des-enseignants-et-des-autres_5074257_4355770.html

Reportage sur ce qu’on a appelé « la rumeur d’Orléans », selon laquelle des jeunes femmes étaient enlevées dans des cabines d’essayage, rumeur qui s’est tellement propagée qu’elle a été relayée par la presse et étudiée par des sociologues :

Sur le complotisme qui est souvent basé sur des fake news justement :

illustrations : décodex du monde.