Après “Les fachos à la mer”, “Les fachos à la neige”
“Defend Europe” – groupuscule de militants d’extrême droite provenant de France, Italie, Autriche, Allemagne, Bulgarie, Angleterre et Danemark s’est fait connaître pendant l’été 2017 en affrétant un chalutier – le « C-Star » – afin de stopper les bateaux de migrants fuyant la réalité infernale de la Libye.
Dernièrement, c’est avec “Génération Identitaire” qu’ils sont intervenus sans grande difficulté ce samedi 21 et dimanche 22 avril aux abords de la frontière Italienne sur le col de l’Echelle pour « bloquer les frontières »- créant stupeur et tremblements.
Stupeur ; car sous-couvert d’un discours de vouloir prévenir ces personnes exilé.e.s « qu’elles ne vont pas trouver un Eldorado », se déploie une véritable “milice des frontières” qui vient et repart à sa guise – avec ses normes, ses lois, ses filets, ses hélicoptères et ses drones de surveillance. Un matériel affrété pour l’occasion au coût estimé à hauteur de 30 000 € minimum. Soit, plus de 50% du budget annuel de notre association : Agir pour l’Égalité…
Tremblements ; car aucune intervention des forces de l’ordre n’est vraisemblablement intervenue pour stopper leur course folle. Au-delà d’une finalité monstrueuse ; celle de rejeter des personnes fuyant leur pays en guerre, c’est aussi la question du positionnement étatique qui est en jeu ici souligne très justement Michel Rousseau, porte-parole du collectif Tous Migrants : “« Comment ça se fait que l’Etat les ont laissé aller là-haut ? Qu’ils peuvent faire survoler le col avec des hélicoptères et faire la police à la frontière ?”.
Plus encore et si l’on interroge un peu plus juridiquement ce type d’action, c’est la question du délit d’usurpation de fonctions (art. 433-12 du code pénal) qui se pose ici – puisqu’ils prétendent exercer l’une des attributions du SPAF (service de police aux frontières) – celle de contrôler le « flux migratoire ». Et il n’est pas sans rappeler enfin, que cette infraction est « puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende le fait, par toute personne agissant sans titre, de s’immiscer dans l’exercice d’une fonction publique en accomplissant l’un des actes réservés au titulaire de cette fonction ».
Soit une amende équivalente à plus de 80 % de notre budget annuel…
Alors à quand une condamnation exemplaire devant les tribunaux compétents pour mettre un terme à leurs infractions répétées ?
Car, pour les bénévoles des différents mouvements briançonnais venus en aide aux migrant.e.s face à cette action au prix exubérant, la réalité de l’encadrement s’est vue vraisemblablement différente. C’est effectivement une cinquantaine de gendarmes qui a été déployée pour les « encadrer » mais aussi, et pour certain.e.s, les interpeller.
Tout ceci laisse comme un goût plus qu’amer en bouche et tout particulièrement quand s’y ajoute la nouvelle loi immigration et asile adoptée ce même Week-End en guise de conclusion.
Pour en savoir plus :
- La Ligue des Droits de l’Homme a rédigé un courrier https://www.ldh-france.org/wp-content/uploads/2018/04/Courrier-LDH_Collomb_230418_2-.pdf
- VoxPublic a réalisé une infographie résumant les différents points traités https://www.voxpublic.org/Infographie-projet-de-loi-asile-et-immigration.html