Tchétchénie : persécution des homosexuels, refus d’agir et négation de la part des autorités locales

En Russie, le journal d’opposition Novaïa Gazeta a révélé l’existence, depuis avril, de prisons secrètes où sont envoyés et torturés les homosexuels. De par le monde, des contestations se font entendre tandis que le Kremlin nie l’existence de celui-ci.

Carte montrant l'emplacement de la Tchétchénie
L’emplacement de la Tchétchénie dans la fédération de Russie

A Lyon, le 21 avril, une manifestation de soutien aux LGBTI de Tchétchénie a été organisée et diffusée sur le site Rebellyon et via un événement Facebook. Le site Change.org a lancé une pétition afin qu’une enquête sur ces massacres soit lancée par le gouvernement. Celle-ci compte près de 350 000 soutiens et vise un objectif de 500 000 signatures.

De leur côté, les dirigeants russes font preuve d’un total désintérêt envers ce camp. Non seulement ceux-ci nient les arrestations qui ont lieu, mais ils confient ensuite l’enquête à Tatiana Moskalkova, une homophobe ayant voté pour la criminalisation de la « propagande homosexuelle » en 2012, nous apprend le magazine Têtu. Quant aux manifestant-es qui protestaient contre cette persécution, 18 d’entre elles et eux ont été arrêté-es pour « trouble à l’ordre public » lors du défilé du 1er mai.

La Tchétchénie est un pays très conservateur. Dans la majorité des familles, l’homosexualité est un crime passible de la peine de mort. Plus de 100 homosexuels ont été arrêtés par les autorités locales, tandis que leurs familles étaient encouragées à « laver leur honneur » en les tuant. Ainsi, au moins deux personnes ont été assassinées par leurs proches et une autre serait décédée de suite aux tortures lui ayant été infligées.

Si, officiellement, une enquête a été ouverte par le parquet général, les enquêteurs disent qu’ils n’ont pas reçu de « plainte officielle » venant des victimes. Le Kremlin estime donc que ces accusations ne se confirment pas. Or, comment peut-on imaginer que les victimes portent plainte quand celles-ci savent, d’une part, que leurs familles les tueront elles-même si elles découvrent leur homosexualité et, d’autre part, que ce sont ces mêmes autorités qui les oppressent ?

Différentes personnalités politiques ont tenu à rencontrer Poutine afin d’évoquer ce sujet. Le 12 avril, Rex Tillersion rencontre le dirigeant russe dans l’objectif de parler de divers sujets, comme la Syrie. Amnesty International lui demande alors de parler de ces camps. Auparavant, Tillerson avait publié un communiqué exhortant la Russie à prendre ses responsabilités et à se prononcer contre ces pratiques. Angela Merkel, en visite à Sotchi, a également abordé le sujet avec Vladimir Poutine, lui demandant « d’user de son influence » afin que la Tchétchénie respecte enfin les homosexuels de son pays. Le Canada a annoncé la volonté d’offrir des visas d’urgence pour les personnes emprisonnées en Tchétchénie en raison de leur homosexualité.

Le président Tchétchène, Ramzan Kadyrov, a déclaré qu’il ne pouvait pas y avoir de persécution envers les homosexuels puisqu’il « n’y a pas d’homosexuels en Tchétchénie » et que « si ces personnes existaient en Tchétchénie, la loi n’aurait pas à se soucier d’eux vu que leur propres parents les auraient déjà envoyés là où ils ne pourraient jamais revenir ». Alan Duncan, député britannique des affaires étrangères, dit avoir entendu Ramzan Kadyrov déclarer, lors d’une réunion, vouloir éliminer toute la communauté gay de Tchétchénie avant la fin du mois de mai.

Sources :

La situation désastreuse, concernant l’homophobie en Tchétchénie, nous incite à faire un point et à rappeler où en est la situation dans le monde :

  • 13 pays prévoient la peine de mort.
  • 73 pays et 5 régions prévoient des peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à la perpétuité pour des actes sexuels jugés contraires à la loi, dont fait partie l’homosexualité.
  • 17 Etats interdisent la « propagande homosexuelle » et 16 pays ont des lois basées sur la « moralité religieuse » afin de limiter la liberté d’expression des association LGBTI

La situation avance malgré tout et reconnaissent plus de droits aux minorités sexuelles : 47 pays et 65 régions reconnaissent les unions homosexuelles. Au sein de ceux-ci, 26 Etats autorisent l’adoption conjointe, et 23 Etats autorisent l’adoption par le partenaire.

Sources :

Radio Canada a créé une carte classant les pays selon leur degré d’acceptation de l’homosexualité. Cependant, nous constatons avec la Tchétchénie que la situation est plus dramatique que la loi ne le laisse penser. Si la loi ne condamne pas directement l’homosexualité par la peine de mort, celle-ci interdit la « promotion de l’homosexualité » et ne protège pas les homosexuels des agressions à caractère homophobe.