Tchétchénie : la chasse aux homosexuels


Mars dernier, le journal indépendant russe Novaya Gazeta a révélé la vague de répression menée par les autorités tchétchènes contre les homosexuels ou soupçonnés de l’être.

Ces révélations font suite à l’assassinat de plusieurs personnes par les autorités tchétchènes accusées d’être homosexuelles. Selon des témoignages recueillis par des rescapés, environ une centaine de personnes arrêtées par les autorités, se trouveraient enfermées dans ces prisons qualifiables de camps. Ils ont affirmé avoir subi des violences et torturées pour donner des noms. Ce sont alors des centaines de personnes portées disparues dont les familles et les proches n’ont plus aucune nouvelle.

En août dernier, la disparition du chanteur russe Zelimkhan Bakaev, a confirmé une fois de plus les crimes homophobes. Devenu introuvable depuis son arrivée à Grozny capitale de la Tchétchénie, ses amis ont témoigné de son arrestation par les autorités. D’après une source LGBT en Tchétchénie, le chanteur aurait été torturé à mort quelques heures seulement après. Mais la Russie nie les faits et monte une vidéo montrant le chanteur en vacances en Allemagne. Celle-ci a été rapidement démentie par l’association Russian LGBT en analysant la vidéo et en mettant en avant plusieurs preuves.

Un pays ultraconservateur homophobe qui ne reconnaît aucunement les homosexuels et qui incite même les familles à « laver leur honneur » en tuant leurs propres membres. Selon Ekaterina Sakirianskaia, directrice du bureau Russie et Caucase de l’International Crisis Group : « avoir un parent gay dans la famille, c’est une honte et ça justifie une mise à mort ». Une haine contre les LGBT inscrite dans les mœurs et affirmé par le président Ramzan Kadyrov : « Dans notre société tchétchène, toute personne qui respecte nos traditions et notre culture traquera ce type de personne sans avoir besoin de l’aide des autorités, et emploiera tous les moyens nécessaires pour que ce type de personne n’existe pas dans notre société ». Des propos donc, qui montrent bien la volonté de « nettoyer » le pays des homosexuels, perçus comme des personnes sales et indignes.

Une vague d’indignation se fait ressentir dans le monde et des actions sont menées pour soutenir la communauté homosexuelle Tchétchène.

En France, trois associations LGBT Mousse, SOS Homophobie et le Comité IDAHO ont déposé plainte auprès de la Cour Internationale Pénale contre le président Kadyrov pour « génocide ». Le 29 mai, la France accueille le premier réfugié tchétchène homosexuel, date marquée également par la visite de Vladimir Poutine qui semble soutenir la position de Kadyrov et dément les accusations faites.

A l’international, des pétitions sont rédigées et diffusées. Amnesty International a en effet recensé plus de 650 000 signatures pour dénoncer les atrocités. Quant à l’ONU qui a reconnu les faits et demandent à la Russie de mettre fin aux violences.