Sophie Labelle : une dessinatrice trans victime d’une cyberattaque
Lors du 17 mai, journée internationale de lutte contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie, la transactiviste Sophie Labelle a été victime d’une cyberattaque de grande ampleur, orchestrée par l’extrême droite. Son site a été hacké, le contenu remplacé par de la propagande nazie, et les pages Facebook de sa BD ont été signalées abusivement en masse puis suspendues.
Depuis plusieurs années, Sophie Labelle dessine la BD « Assignée Garçon ». Celle-ci raconte la vie et les déboires d’une enfant, puis d’une adolescente transgenre dans un monde où règnent les normes cisgenres. Au fil des années, celle-ci lui a valu des centaines de menaces de mort et de nombreux mails d’insulte.
« Mon quotidien, c’est surtout des menaces de mort, des incitations au suicide, beaucoup de références à l’Holocauste et des trucs eugénistes comme ça, où au nom de la pureté de la race humaine on devrait tuer toutes les personnes trans »
Ce 17 mai, son adresse a été partagée sur des forums d’extrême droite, la contraignant à déménager en urgence, se cachant chez un ami. Par précaution, elle a préféré annuler la présentation de son nouveau livre, qui devait avoir lieu à Halifax le jour-même. Cependant, elle confie aux journalistes du site Vice être très calme face à cet événement car, c’est, pour elle, la preuve que son travail a un impact :
Si elle semble remarquablement calme face à ces épreuves, c’est que l’artiste interprète l’expérience comme un genre de badge d’honneur. « C’est une preuve que je fais un travail qui choque, qui fait brasser, donc je me verrais mal cesser de le faire. »
Son travail, censuré provisoirement à cause de personnes malveillantes, est pourtant essentiel pour les personnes transgenres, non binaires. En effet, c’est l’une des rares BDs qui soit créée par une personne transgenres pour des personnes transgenres et non pas uniquement pour éduquer les personnes cigenres sur ce thème. Créer des personnages non binaires et les montrer dans des histoires plus ou moins drôles (où l’humour ne se fait pas aux dépends de l’identité de genre des personnes transgenres) c’est offrir à ces personnes une image positive. C’est dire « oui, vous avez le droit d’exister » et « oui vous pouvez être heureux-se-s en étant transgenre ».
C’est probablement cette image de personnages transgenres qui ne tombent jamais dans le pathos qui gêne le plus les opposants transphobes. Ça, Sophie Labelle semble l’avoir bien compris ;
De nombreuses personnes, sur Facebook, tentent de faire en sorte que ses pages soient remises en ligne, notamment par le procédé décrit ci-dessous. Vous pouvez, vous aussi, le faire afin que les pages de ses BDs soient de nouveau accessibles : MISE A JOUR : la page a été remise en ligne.
Sources :