Région Rhône-Alpes : Suppression de la délégation à la lutte contre les discriminations
A la suite de la suppression par l’administration Wauquiez de la délégation régionale à la lutte contre les discriminations, nous avons rencontré Madame Katia Philippe, ancienne déléguée régionale à la jeunesse de 2004 à 2010 qui a œuvré pendant de nombreuses années à sa création sous l’administration de Jean-Jack Queyranne.
En 2004, cette éducatrice de formation connaissant bien les difficultés que vivent les jeunes, notamment ceux des quartiers populaires, était convaincue que la région pouvait être un acteur majeur dans la mise en place d’un dispositif régional en faveur des 16-25 ans. Dans le but de créer une véritable délégation à la jeunesse, Katia Philippe s’est attachée à faire un état des lieux de tous les programmes, associations et autres organismes s’adressant aux jeunes. Emploi, culture, lutte contre les discriminations, c’est un véritable réseau qu’il s’agissait de constituer. Consciente que la Région ne pouvait pas être omnipotente et décider seule, une nouvelle concertation et une libre écoute des jeunes étaient nécessaires.
En 2005 suite aux émeutes en région parisienne, il est apparu plus que nécessaire que la délégation à la jeunesse naissante permette de mettre encore plus vite en place une politique en concertation avec les jeunes et émanant de leurs expériences notamment en terme d’injustices et de discriminations. 3 ans plus tard, les 21 et 22 novembre 2008 furent organisées en prolongement de dizaines de rencontres les assises de la jeunesse à Bourg-en-Bresse.
Objectif principal de ces assises : Réfléchir et travailler à saisir les leviers pour empêcher ces discriminations.
A la suite de ces assises, la charte contre les discriminations ainsi qu’un plan d’application furent crées afin que la région puisse créer des moyens légaux et budgétaires pour défendre ces positions. La lutte contre les discriminations ne pouvait pas se prétendre être une question nationale sans une implication forte de la région, car efficace et ayant les compétences pour cela.
Malheureusement tous n’ont pas embrassé cette idée. Quelques organisations syndicales patronales notamment ont accueillit avec un certain mépris cette idée. Cela n’a fait que renforcer la détermination de Katia Philippe qui était persuadé de l’enjeu d’inclure la lutte contre les discriminations à toutes les politiques de la région grâce à l’appui du plan d’application de la charte.
Pendant les dernières années de son mandat, Katia Philippe fut fière de cette démarche.
Elle était vitale car impliquée dans une ligne budgétaire dédiée, l’argent étant le nerf de la guerre. Il était important que ce travail mobilise nombre d’acteurs et ne reste pas à l’état d’une déclaration d’intention. Cette démarche constituait un véritable exemple pour la France car reprise dans d’autres régions notamment en Île-de-France.
Des bases solides quant à la lutte contre les discriminations sont donc remises en cause par Laurent Wauquiez. Le réseau subsistant mais le financement et l’appui de la région ayant désormais disparus.
La région avait prévu la politique et une ligne budgétaire dédiée ainsi que des aides aux projets citoyens des jeunes.
Avec la disparition de cette délégation, Laurent Wauquiez remet en cause une démarche participative et citoyenne, et envoie un message clairement négatif à l’ensemble des associations, syndicats et organismes qui participaient à ce vaste réseau régional. Dramatique, anti démocratique voire criminel cette décision unilatérale met un terme à une initiative majeure dans la lutte contre les discriminations dans notre région. Un vrai travail avait été fait pour réunir des acteurs de tout horizons au sein de cette commission LCD (Lutte Contre Les Discriminations). Il s’agissait d’autant plus de ne pas cloisonner ou hiérarchiser les luttes car elles étaient toutes fédérées au sein d’une même commission avec un vrai budget.
Madame Philippe se déclare malgré tout fière d’avoir pu travailler avec ces associations.
Une expérience inoubliable
Faire évoluer les dispositifs et aider les associations à mener leurs combats (communication, dossier de subventions etc) a été la ligne de conduite de son combat. Les associations doivent désormais retrousser leurs manches et reprendre ce travail sans l’appui de la région.
Un retour à la case départ frustrant et alarmant quant à l’état d’esprit et au message politique qu’il envoie aux jeunes Rhône-alpins et auvergnats.