Revue de Presse : ce qui change avec l’investiture de Donald Trump
Crédits de la photo : Donald Trump lors de son discours de victoire, le 9 novembre. REUTERS/Carlo Allegri
Cette fin du mois de janvier 2017 fut marquée par les répercussions de l’investiture du nouveau et controversé président américain, Donald Trump. À midi pile, ce 20 janvier, le 45e président a prêté serment comme prévu sur les marches du capitole en présence de son prédécesseur Barack Obama. Les répercussions de ce nouveau mandat, qui se prolongera jusqu’à 2021, ne se sont pas faites attendre, à échelle nationale comme internationale.
Plusieurs décisions font polémiques et soulèvent de nombreuses inquiétudes pour une bonne part de la population quant à l’avenir du pays :
Comble de l’ironie, c’est au lendemain de la Marche des femmes qu’il a signé un décret interdisant le financement d’ONG internationales qui soutiennent l’avortement.
Photo AFP : Le président des Etats-Unis décidant, entouré d’autres hommes dont aucun ne possède d’utérus, de la législation autour de l’avortement…
…. Ce que souligne habilement Martin Belam dans son tweet assassin : « Aussi longtemps que vous vivrez, vous ne verrez jamais une photo de 7 femmes ratifiant une loi sur ce que les hommes peuvent faire de leurs organes reproducteurs. »
As long as you live you’ll never see a photograph of 7 women signing legislation about what men can do with their reproductive organs pic.twitter.com/dXjfVjnRiX
— Martin Belam (@MartinBelam) 23 janvier 2017
L’activiste féministe Laci Green s’est fendue d’une tirade alarmée sur Facebook :
We saw the devastating impact of this policy when President Bush signed it into effect in 2001. Take Ethiopia, where unsafe abortion is the second-leading cause of death (after HIV/AIDS). Organizations there decided they could not turn women away, and thusly experienced a massive birth control supply crisis as punishment. 16 other countries also saw US donations of contraceptives and condoms abruptly cut off. As a result, the abortion rate INCREASED.
Nous avions déjà pu constater les effets dévastateurs de cette politique lorsque le président Bush l’avait remise en vigueur en 2001. Ce fut le cas pour l’Éthiopie, par exemple, où l’avortement dans des mauvaises conditions est la seconde cause de mortalité (après le sida). Les organisations sur place avaient décidé qu’elles ne pouvaient pas abandonner les femmes, et ont, en conséquence, subi une restriction punitive massive et critique de leurs moyens de contraception. 16 autres pays ont également vu leurs approvisionnements par les US de pilules contraceptives et de préservatifs drastiquement réduits. Le résultat fut une AUGMENTATION du taux d’avortement.
[…]What happens when you cut off birth control access? Oh yes! More people get pregnant! And what happens when you cut off safe access to abortion services? Oh, right. People die. Every year 50,000 women die from a lack of access to safe abortion. There are literally 90 katrillion studies showing that banning abortion *does not stop abortion from happening*, it just means they happen in dangerous conditions. That’s a fact.
Qu’arrive-t-il lorsqu’on supprime l’accès aux moyens de contraception ? Ah, oui ! De plus en plus de personnes tombent enceintes ! Et qu’arrive-t-il lorsqu’on empêche l’accès à des procédures d’avortement encadrées ? Oh, c’est vrai. Des gens meurent. Chaque année, 50 000 femmes meurent car elles n’ont pas pu pratiquer un avortement dans de bonnes conditions. Il existe littéralement 90 milliards d’études qui indiquent qu’interdire l’avortement ne fait pas disparaître cette pratique. Ils ont seulement lieu dans de mauvaises condition. C’est un fait.
De nombreux médias ont également relevés les divers remaniements du site officiel de la Maison blanche :
- La version en espagnole du site a disparu. « Compte tenu du fait qu’il y a dans le pays 52 millions de personnes qui parlent (…) l’espagnol, ce n’est pas une bonne idée de renoncer à un (tel) instrument de communication », a déclaré le ministre espagnol des Affaires étrangères, Alfonso Dastis. Ce choix idéologique, dans la lignée des promesses électorales de Donald Trump sur son combat contre l’immigration, est cependant peu stratégique dans la mesure où les États-Unis sont, en fait, le deuxième pays au monde comptant le plus d’hispanophones, après le Mexique.
- La page consacrée aux questions LGBT a simplement disparu :
A gauche: la page concernant les LGBT sur le site de la Maison Blanche sous @BarackObama 2017 plus rien sous Trump via @glaad pic.twitter.com/fkHd3ShMCk
— Sylvain Zimmermann (@sylvainzim) 20 janvier 2017
- Le site américain Motherboard a observé qu’à 12 h (heure de la côte est des États-Unis), à la minute où Donald Trump est entré en fonction, la page consacrée au réchauffement climatique sur le site de la Maison-Blanche avait également disparu. Une minute plus tôt, elle était encore disponible. “La seule référence au climat sur le nouveau site figure sur la page ‘Plan d’énergie America First’, qui annonce la destruction du plan d’action pour le climat de Barack Obama”, précise le site.
- Comme il l’avait annoncé, il s’est d’emblée attaqué à la loi sur l’assurance-maladie Obamacare, qu’il avait promis d’abroger durant sa campagne. Dans le détail, le président ordonne à son administration d’utiliser toutes les marges de manœuvres possibles pour ne pas appliquer la loi actuelle, via des dérogations, des exemptions et des reports. Des aménagements qui auront un coût pour les États ou les particuliers. Une réduction de la couverture maladie en matière de maternité ou de maladies mentales est également attendue.
Plusieurs actions aux conséquences internationales ont également été entamées :
- En entérinant le retrait des États-Unis du Traité de libre-échange trans-pacifique, le président américain tient une promesse mais compromet l’avenir économique du pays, selon la presse américaine. Le New York Times conclut son éditorial en regrettant que :
le protectionnisme que défend [Donald Trump] suppose que les échanges commerciaux n’engendrent aucun bénéfice. Or dans les faits, ils permettent aux Américains d’accéder à des produits meilleur marché, tout en soutenant la croissance et l’innovation.
- L’arrivée du nouveau président, et conséquemment, le changement radical de la direction politique des Etats-Unis, a offert au gouvernement israélien un éventail de nouvelles mesures et actions envers les palestinien.nes. Dès dimanche dernier, la commission de la planification de la municipalité de Jérusalem a annoncé la construction de 566 logements dans ses «nouveaux quartiers» de la ville annexée après la guerre des Six Jours, en 1967. Et ce n’est pas un hasard si cette décision intervient au surlendemain de l’investiture de Donald Trump, puisque les dirigeant.es israélien.nes sont persuadé.es d’y avoir gagné en latitude d’action. Et, de fait, le nouveau président américain et Benyamin Nétanyahou, le Premier ministre israélien, se sont déjà entretenus au téléphone. Le premier invitant le second à Washington dès le mois de février. Cela indique très clairement la position que Donald Trump compte tenir vis-à-vis de la Palestine.
Il est d’ailleurs peut-être temps de s’interroger sur la position que nous, français.es, européen.nes, souhaitons avoir vis-à-vis de la Palestine. A ce titre, il est possible – et important – d’aller voir le rapport d’une coalition de 22 organisations non gouvernementales (dont Caabu, Christian Aid Angleterre et Irlande, la Fédération internationale des Droits de l’Homme (FIDH) et Diakonia) sur les rapports de l’Europe avec les colonies illégales israéliennes.
Ce rapport, intitulé « Les affaires plutôt que la paix ou comment l’Europe contribue à soutenir les colonies israéliennes illégales » , est le premier à comparer les données disponibles sur les exportations des colonies israéliennes et celles des Palestiniens, en soulignant l’incohérence de la politique européenne. Un article plus complet sur le sujet est disponible à l’adresse suivante : http://chroniquepalestine.com/ue-importations-colonies-israeliennes/