Mardi de l’égalité : Le chômage est-il un frein au vivre-ensemble ?

Présents : Yeriche Gorizian, Thierry Wojciechowski, Olivier Borel, Étienne Prud’homme, Thibaud Roche, Jénifer Mathieu, Marie-­‐Caroline Guérard, Mathieu Giudicelli, Barabara Safar-­‐Gibon, Jeanne Allaire, Stéphane Picard

Aujourd’hui un jeune sur quatre est au chômage, dans les quartiers et les départements ultramarins c’est un jeune sur deux qui se retrouve confronté à ce problème. Avoir un emploi, c’est bénéficier d’une rémunération et donc d’une certaine autonomie, c’est aussi une situation sociale et donc un moyen plus simple de socialisation. On notera également qu’en moyenne la signature du premier CDI intervient à 27 ans. La conjoncture actuelle entraîne un manque d eperspective qui joue aussi sur la motivation des jeunes à chercher un travail, donc être autonome et se socialiser. C’est aussi accepter plus facilement des conditions de travail plus contraignantes ou une rémunération plus basse, ce qui peut avoir un effet négatif sur l’ensemble du marché du travail.
Plus largement c’est aussi la consommation qui se retrouve affectée, entraînant un cercle vicieux qui mine la création de richesses et sa redistribution. Nous avons tenu à avoir ce débat pour essayer de comprendre comment nous sommes arriver là, aussi parce que dans un contexte de chômage, les discriminations se multiplient et pourquoi les jeunes sont les premiers à subir la crise.
Constat :
L’expérience associative n’est pas assez valorisée par les entreprises contrairement aux pays anglo-saxons. On reproche souvent aux jeunes de ne pas avoir assez d’expérience, mais si les jeunes ne sont pas engagés, ils
n’en auront jamais.

Dans les zones périurbaines : la déscolarisation intervient tôt pour la plupart des jeunes, le chômage est important et la déscolarisation  est tout de suite plus importante dans les territoires enclavés et les dispositifs pour trouver un emploi existent peu lorsque l’on sort des villes. Les réseaux étant fortement présents sur certains territoires, ils sont bien souvent le seul moyen de socialisation pour beaucoup de jeunes.

Dans les quartiers populaires : la déscolarisation intervient également tôt. Le peu de passage en seconde générale brise souvent le rêve des études pour de nombreuses familles. Les discriminations sont souvent plus fortes pour les jeunes issus de ces territoires. L’enseignement professionnel est trop souvent dévalorisé, malgré l’effort d’ouverture de l’enseignement, dans l’imaginaire collectif, il s’agit de « voies de garage » destinées à ceux qui sont en échec scolaire, une idée qui s’intègre également du côté des élèves de ces filières et par les entreprises. Le lycée général ne prépare absolument pas à l’autonomie et à l’émancipation des jeunes. On a organisé l’éducation en fonction d’une vision dépassée de l’organisation de la société dans laquelle nous vivions aujourd’hui.

De grandes inégalités persistent dans la recherche de stage ou d’emploi pour les jeunes en formation. Le chômage entraîne des problèmes pour le vivre-ensemble, on considère trop ce vivre-­‐ensemble comme une question sociétale et peu comme une question sociale.

Solutions :
– Valoriser l’expérience associative dans le parcours professionnel (travail à faire auprès des organes de formation et
auprès des entreprises).
– Reconsidérer la formation professionnelle en développant des filières d’excellence.
– Encourager les expériences comme SOS stages, qui permettent de développer des plateformes anonyme de gestion des stages dans les lycées professionnels.

Questions d’ouverture :
La mise en place du CV anonyme permettrai-­‐t-­‐elle une plus grande facilité d’embauche pour les personnes victimes
de discriminations à l’embauche ? Le Service civique universel ou volontaire permettrai-‐t il de donner une expérience valorisable dans le parcours professionnel ? L’émancipation par le travail et la consomation n’est-­‐elle qu’une revendication pour devenir acteur d’une société capitaliste ?