Lyon : Retour sur le débat, Palestine : quelles formes de résistance non-violente ?
Le Mardi 26 Avril, le Centre pour l’égalité et l’association Agir pour l’égalité ont organisé leur traditionnel « mardi de l’égalité ». En effet chaque dernier mardi du mois, l’association organise un débat sur différents sujets gravitant autour de l’égalité, de la défense des minorités, des discriminations etc.
Une trentaine de personnes s’est donc réunie au bar Ninkazi près de l’Hôtel de Ville de Lyon aux alentours de 19h.
Moussa Abu Maria, coordinateur du Center for Freedom and Justice de la Vallée du Jourdain et Serge Perrin de l’association le MAN nous ont fait l’honneur d’intervenir en tant qu’acteurs de la lutte non violente et afin d’enrichir le débat.
Moussa, partisan du mouvement de la résistance non violente, a d’abord parlé de l’occupation par l’armée Israélien de l’école de son quartier quand il était adolescent. Evénement fondateur de son parcours ajouté au contexte de la première Intifada. Après avoir été arrêté et emprisonné pour le 1ère fois en 1999 pendant 5 ans, c’est dans cet univers carcéral qu’il a commencé à se former et à réfléchir aux moyens de lutte non violente ce qui n’était pas si évident à l’époque.
A sa sortie en 2004, il commença à parler de la non violence à ses amis, progressivement aux étrangers mais aussi aux activistes israéliens. Ces derniers militaient pour la paix en faveur des deux peuples. Avec des activistes israéliens, ils créent Le projet de solidarité pour le Palestine en 2006.
Depuis 2004, il y eut une prise de conscience de la jeunesse au niveau international. Aujourd’hui avec d’autres militants, ils se battent contre la construction des murs, des check-points, des colonies ainsi que la main mise sur Beit Ommar, la ville natale de Moussa.
Sergent Perrin du Mouvement pour une Alternative Non-violente (le MAN) a ensuite pris la parole pour décliner les missions et les actions de l’association. 2 années sur les 3 qui étaient prévues pour le projet d’occupation des terres inoccupées afin qu’elle ne soient utilisées pour la construction de colonies, se sont écoulées mais il n’est pas sûr de le poursuivre, le projet ayant été financé par la région Rhône-Alpes et PACA. L’administration régionale n’ayant pas dans ses « priorités » ce genre de projets.
Pour terminer, voici un florilège des grandes lignes du débat :
– Toutes les formes de résistance sont reconnues par le droit international (convention de Genève) et la non violence n’est donc pas la seule. Le Collectif 69 de soutien au Peuple Palestinien reconnait toutes les formes de résistance y compris la résistance violente. La solution viendra donc de l’intérieur mais aussi de l’extérieur comme le boycotte BDS qui est importante même si elle est incriminée en France.
– Le Man rejette catégoriquement les moyens violents qui sont souvent les seuls qui restent quand on ne peut plus se défendre réellement. Il croit alors à la stratégie de la non violence (notamment la désobéissance etc) et qui a produit ses résultats dans le passé (comme les accord d’Oslo). Car les violences n’amènent pas de solutions de tant qu’elle est instrumentalisée.
– Les associations (très nombreuses) qui militent pour la paix en Palestine dans le monde entier ne communiquent pas entre elles, n’ont pas de stratégie commune et donc n’obtiennent pas de résultats probants.
– Israël n’a pas ratifié la convention de Genève et a donc juridiquement le droit d’être violent. La CPI ayant rendu un avis qui n’est pas contraignant.
– Le conflit va se résoudre par les pressions économiques à l’instar de ce qui a été fait contre l’Afrique du Sud au moment de l’Apartheid.
– La question de l’ONU qui ne fait rien pour que les gens qui vivent en territoire de Cisjordanie puissent partir ailleurs et vivre en paix et puissent bénéficier des droits comme tout un chacun. En réalité ni l’ONU ni UE ne se bougent mais ils vont par exemple financer des hôpitaux et autres infrastructures qui vont être détruits par les bombardements derrière.
– La question des violences faites aux enfants mineurs, déterminante dans le futur par rapport à l’évolution du conflit. Les enfants qui vivent des situations d’extrême violence et d’humiliation des parents risquent d’être un danger pour la société dans les années à venir.
– La question des droits des femmes, des enfants dans cette société patriarcale. Avec l’absence des maris (en prison etc) les femmes prennent le pouvoir, entreprennent, pour faire vivre leur famille.
– Question de liberté de circulation : sur la base des accord d’Oslo les palestiniens ont pu avoir la possibilité d’acquérir un passeport. Mais il est difficile de voyage car ils n’ont pas de droit de passer par Israël. D’autres sont détenteurs des passeports jordaniens mais les déplacements restent difficiles.
– Les militants comptent sur les moyens légaux pour résister et lutter. Aller voir les tribunaux israéliens c’est aussi montrer à la communauté internationale qu’ils n’ont même pas accès à la justice. Donc c’est aussi un moyen de lutte.