Le consentement sexuel : comment sortir de la « zone grise » ?

Récemment, on a beaucoup entendu parler de harcèlement. Les témoignages de femmes se sont multipliés, et à défaut d’être réglé, le problème a enfin gagné en visibilité sur la scène publique, politique et médiatique. Plusieurs sites recensant les histoires de femmes harcelées au travail, dans la rue, et plus généralement au quotidien, ont vu le jour, et ont l’avantage de permettre à chacun.e de prendre conscience de l’ampleur du problème. Si vous ne les connaissez pas déjà, on vous conseille d’aller jeter un œil ici :

http://projetcrocodiles.tumblr.com/

https://sexismeordinaireblog.wordpress.com/

https://chaircollaboratrice.com/

Et il en existe bien d’autres encore.

Cette mise au jour d’un phénomène de société a pu susciter nombre de réactions de surprise, d’indignation, mais aussi de rebuffades, protestations outrées de la part de personnes considérant ces dénonciations comme exagérées. « C’est juste un compliment », « C’était pour rire », « C’est elle qui provoque aussi ! », « Non mais on ne peut plus rien dire avec les féministes aujourd’hui », et autres joyeusetés.

Tout cela nécessite donc que l’on se pose ensemble et avec honnêteté la question de la définition que l’on veut donner à la notion de consentement.

http://projetcrocodiles.tumblr.com/

Cette question est d’autant plus importante que, si le mouvement est notamment parti d’une protestation de femmes face au sexisme ordinaire, le sujet du consentement est plus large et touche hommes et femmes dans leurs relations amoureuses et sexuelles. A ce titre, on ne peut que chaudement saluer et diffuser la campagne de prévention lancée par l’université de Bordeaux :

Un article de Studyrama revient plus en détail sur les motivations et enjeux de cette démarche :

Concrètement, la zone grise est celle où on ne dit pas « non », mais on ne dit pas « oui ». L’autre n’entend ni « oui » ni « non » donc profite souvent de ce flou, du fait aussi que son partenaire n’ose rien dire.
L’importance de cette campagne, notre objectif, est de faire passer le message qu’il faut signifier le « oui », signifier le « non » et surtout arrêter de penser que la zone grise est un « oui », la zone grise est un « non ».
Je reçois des femmes dans mes consultations en gynécologie, et la zone grise revient régulièrement. Beaucoup de femmes ne se rendent pas compte qu’elles sont en zone grise : pour elles, si monsieur veut, elles doivent vouloir aussi.

L’article de Poulet Rotique analyse également cette notion de « zone grise » et en montre l’incohérence à l’aide de nombreuses analogies illustrées à partir de cas de consentements de la vie quotidienne :

La « zone grise », c’est ce moment où le consentement n’est pas exprimé clairement, et où l’on pourrait donc potentiellement commettre un abus. Celui ou celle qui n’aurait pas clairement dit « non » créerait un flou. Évoluant tous et toutes dans un environnement culturel qui nous assomme du message qu’embrasser de force, c’est un peu sexy quand même et que se forcer un peu, ça fait partie du jeu, certains estiment qu’à défaut d’un « non » clairement explicité, c’est « oui ». Un petit conseil : quand on n’est pas sûr, le mieux est de demander, plutôt que de s’enliser dans un moment de doute.

– J’aime vraiment la nouvelle chanson de The Fluffy Bunny.
Au milieu de la nuit…
– Wow ! Qu’est ce que tu fous ?
– Tu as dis que tu aimais cette chanson !
– Oui, mais je n’ai pas envie de l’écouter quand je dors !

Voilà ! C’est un sujet sur lequel il est nécessaire de continuer à réfléchir ensemble, et d’en discuter afin que chacun.e puisse interroger ses propres pratiques, parce que nul n’est à l’abri d’une erreur de jugement ou d’un acte non respectueux d’autrui.